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Traduit du texte original par le Studio'H:
Please greet Ray Collins, Claremont's own Mother
par David Allen, Staff Writer - Created: 05/30/2009
et publié sur www.dailybulletin.com
Ray Collins ressemble à un grand-père mais en fait il s'agit d'un Mother. Les cheveux blancs, 71 printemps au compteur, il est le chanteur qui a invité Zappa à rejoindre les Soul Giants, le groupe qui deviendra Les Mothers Of Invention au milieu des années 60. Quarantes années plus tard, Collins est devenu une figure familière du Village de Claremont, où il passe ses journées à se promener dans les rues et à saluer les gens de passage assis sur un banc. "Parfois les gens pensent que je fais partie du Syndicat d'Initative et que je suis là pour les accueillir, ce que je ne suis évidemment pas" ajoute Collins avec un gloussement.
Ray vit à Claremont depuis 1991. Et juste après avoir comparé son environnement bucolique à celui du célèbre village de la série Tv "Le ¨Prisonnier" il ajoute ironiquement: "Quitte à se retrouver quelque part, ici c'est un aussi bon endroit qu'un autre". Ce n'est évidemment pas avec ce genre de remarque que l'on risque de se faire engager par l'Office de Tourisme!
Cela fait des années que je cours après Ray Collins afin d'obtenir une interview de sa part, pourtant à chaque fois qu'il a été d'accord il a immédiatement changé d'avis juste après. On s'est ainsi rencontrés plusieurs fois au Village et bavardé de façon informelle.
Puis un jour sans crier gare il m'a téléphoné. L'étincelle avait été un extrait de film placé sur Youtube où l'on voit un Zappa goguenard s'entretenir avec Mike Douglas de la façon dont les Soul Giants avaient débuté au Broadside Club de Pomona. Zappa expliquant comment il avait rejoint le groupe après que Ray Collins eut frappé le précédent guitariste. Cette histoire fait apparemment partie du folklore du groupe mais Ray tenait à me préciser qu'en aucun cas il n'avait boxé ce gars et qu'il se faisait un plaisir de me raconter l' anecdote dans sa totalité.
J'ai donc tout de suite pris un rendez-vous pour le lendemain matin avant qu'il n'ait le temps de changer d'avis. Nous nous sommes retrouvés au centre-ville à Shelton Park. Avec son chapeau de paille de paysan, ses sandales, sa longue barbe et ses vêtements amples, Collins ressemble à plus un fermier chinois transplanté à Harvard Avenue qu'à un autochtone.
Il a grandi à Pomona, fils de Joseph Collins, un flic de son état, et a rejoint la chorale au lycée Emerson.
"C'est là que j'ai vraiment commencé à chanter en choeur", avoue Collins en fredonnant tranquillement quelques mesures de "Too Young" de Nat King Cole : "Ils essaient de nous dire que nous sommes trop jeunes, trop jeunes pour être vraiment dans l'amour ..."
Dans les assemblées scolaires du lycée de Pomona, il interprète ainsi des chansons d'Irving Berlin, de Cole Porter et de Rodgers & Hart. Il n'obtiendra pas son diplôme en 1956, au cours de l'année scolaire un incendie détruit l'établissement, et parce qu'il met sa petite amie enceinte, il abandonne donc ses études afin de l'épouser et de rechercher un emploi.
Il continue malgré tout à chanter et se produit avec différents groupes de doo-wop ou de pachuco dans les années 1950 et le début des années 1960.
C'est au cours de l'année 1961 que Collins rencontre Frank Zappa venu jouer à la Sportsman Taverne de Pomona et en profite pour se faire connaître.
"Ca a tout de suite collé entre nous", déclare Collins. Ils partagent en effet le même amour pour un large éventail musical, y compris le doo-wop, ainsi qu'une admiration pour l'émission de TV comique "The Steve Allen Show". Les deux traînent donc ensemble jouant épisodiquement dans un duo de folk satirique, enregistrant à cette occasion une balade sous le pseudo de Ned & Nelda.
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C'est au cours de l'année 1964 que Collins rejoint par hasard les Soul Giants, un groupe de reprises de R&B: à l'occasion des auditions du groupe au Broadside, le propriétaire du club insiste pour que Collins, son ami, remplace le chanteur s'ls veulent remporter le contrat.
"Mes sentiments étaient partagés à ce propos, quelqu'un se faisant virer par un autre afin que je profite du boulot."
Le groupe se composait alors du batteur Jimmy Carl Black, du bassiste Roy Estrada, du saxophoniste Davy Coronado et du guitariste Ray Hunt. "Hunt, cependant, était complètement incompétent ou se vautrait sciemment afin de poursuivre quelques noirs desseins," raconte Collins. "J'étais le petit nouveau du groupe mais c'était à moi de me débarrasser de lui" d'ajouter. "Une fois la chose faite -aucuns coups ne furent échangés précise-t-il- je fis une proposition fatidique: je connais un guitariste à Cucamonga. Il s'appelle Frank Zappa".
Zappa auditionne et fera parfaitement l'affaire mais comme c'est déjà un auteur prolifique de chansons, une nouvelle direction s'impose vite au groupe.
"Si vous acceptez de jouer ma musique, je ferais de vous des gens riches et célèbres" leur avait-il expliqué.
Les reprises et le nom du groupe passent donc à la trappe avec Coronado. Zappa et Estrada s'accordent tous les deux sur le nom des Mothers, transformé un peu plus tard en "Mothers of Invention" sur injonction de leur maison de disques. Leur début discographiques de 1966 s'afichent avec "Freak Out!", un double album de rock-underground sombre et satirique.
"Personne n'avait jamais entendu un truc pareil!" s'exclame Collins
Toujours présent à la sortie de leur second LP, "Absolutely Free" il quittera l'aventure en 1968 juste avant la l'époque charnière du mythique "We're Only in It for the Money."
Zappa a effectivement pris le contrôle du groupe, ce qui ne va pas sans déclencher quelques tensions. Collins commence à douter de l'avenir des Mothers Of Invention depuis que Zappa a déplacé le groupe originaire de Pomona à Hollywood afin d'honorer un contrat d'enregistrement.
Sous la houlette de Zappa, les Mothers ne sont plus tout à fait le même groupe pour lequel Collins avait signé. LA question de partir commence à devenir une blague récurante.
"Je pense que j'ai du le faire au moins quatre fois," raconte Collins "Je n'aimais pas ce que nous faisions sur scène. Trop de comédie à mon goût, à tout tourner en dérision systématiquement. Alors que faire le clown faisait partie de ma personnalité, j'aspirais à faire de la belle musique, bercé que je l'étais par la musique de Johnny Mathis and Nat King Cole."
Collins ne regrette pourtant pas d'avoir lâché le groupe à l'époque où il l'a fait: le groupe était appelé à Seattle, un endroit où malgré son âge il n'a toujours pas mis les pieds.
Collins a cependant rejoué occasionnellement avec Zappa une paire de fois et contribué à l'élaboration de plusieurs autres albums tel que "Cruising With Ruben & the Jets." Mais sa carrière musicale a pris fin courant de l'année 1968. Il n'est pas devenu riche non plus, parti bien avant que les Mothers ne deviennent rentables.
Il déménagera ainsi pour Claremont juste après un modeste arrangement juridique avec Zappa et les autres membres du groupe portant sur sa propre contribution au groupe .
Zappa décèdera d'un cancer de la prostate en 1993.
Ensuite Ray Collins déclinera plusieurs offres afin de rejoindre the Grandmothers, un orchestre composé d'ex Mothers grisonantes. Préférant à cela une vie qui s'écoule au jour le jour, plus par choix personnel. Son seul revenu provient de la sécurité sociale et des redevances bi-annuelles provenant des co-droits d'auteur de la chanson de doo-wop "Memories of El Monte."
"C'est suffisent pour survivre, mais pas assez pour intéresser une femme" grince Collins.
"L'argent n'a jamais été mon ami. Je me demande si c'est psychologique," ajoute-t-il songeur, "Si je n'ai pas toujours associé cela à 'quelque chose de mauvais'."
Il déclare posséder encore des tonnes de chansons inédites, de s'occuper par intermittence d'un documentaire ayant trait à sa vie et mentionne plusieurs idées de scénarios - dont une comédie à propos d'un petit village qui se met à le recherche de son guide spirituel.
Rien ne semble porter ses fruits et dire que Collins manque d'ambition serait une véritable litote.
"Les gens me demanderont certainement la raison de mon absence sur scène depuis 40 ans et je ne saurais vraisemblablement pas quoi leur répondre." admet Collins alors que nous sommes assis à une table de pique-nique et que les oiseaux gazouillent.
"Si vous profitez tout simplement de la vie" ajoute Collins , "Il est possible que celle-ci ne soit pas forcément couronnée de succès. You know what I mean? j'aime juste la vie pour ce qu'elle est."
Finalement , il n'y a rien de mal à être une heureuse Mother à la retraite, non ?
;-c
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