11 décembre 2010

Mothers @Palais des Sports & Alcazar [1974] Part.2




"Frank Zappa: "Frenk! Frenk! Ees Aynsley playeeng?"
New Musical Express / 5 October 1974 - by Charles Shaar Murray
traduction ©Studio'H 2010 pour Zappa In France

#
vers la première partie
# vers la troisième partie

Tout cela relève quand même d'une certaine classe... ce qui est nettement mieux que ce qu'on aurait pu dire au sujet du concert des Mothers au Palais des Sports de Paris en cette après-midi glacée de vendredi. Pour commencer, l'endroit est cerné par les flics. Des flics en camionnette inhumant suffisamment de brise gauloise pour congeler les narines d'un eskimo, des flics plantés un peu partout avec le regard vaguement menaçant, arborant des attitudes d'intimidation en direction des hordes qui se pressent déjà partout. Sur un mur à côté est inscrit comme par défi: 'Musique populaire = musique libre', d'ailleurs au cours d'un récent concert au même endroit, des bagarres ont pris des proportions impressionnantes: des cocktails Molotov ont été jetés par les fenêtres et il y a eu deux morts (?!).
Pourtant, qui irait sauter une barrière et se frayer un chemin dernière les gardes de sécurité pour lever la main sur Frank Zappa? Ce concert coûte 30 francs, ce qui représente à peu près trois livres sterling, et pourtant même durant les balances les fans fond le pied de grue".

Le problème c'est que ces balances ne sont pas encore terminées. Le matos a perdu 6 heures à frayer son chemin à la frontière et les membres du groupe finissent de s'accorder frénétiquement et d'installer leur propre matériel pendant que les roadies branchent la console de mixage et déplacent la sono sur la scène. Zappa lui-même peut être observé à genoux en train de scotcher au sol les câbles venant de ses pédales à son ampli. Laissons le s'assoir sur un fly-case près de son baffle Marshall et jeter un regard aux alentours de la scène.

Cette silhouette sensuelle en T-shirt noir et pantalon blanc en train de gonguer expérimentalement un marimba ne peut assurément qu'être Ruth Underwood, épouse du célèbre saxophoniste, qui a oeuvré plusieurs fois déjà au sein des Mothers et se retrouve une nouvelle fois dans l'aventure mais sans son vieux compagnon cette fois-ci.
Un détail important:
Ruth est EX-TRA-OR-DI-NAI-RE!
Quand Jean-Luc Ponty et son vieil ami Ian Underwood faisaient encore partie du groupe, elle se sentait éclipsée par ces cadres, dorénavant c'est elle qui les rend les cadors un peu fades ! (Now she's makin' those cats look saaaaaad). Napoleon Murphy Brock est présent pour l'occasion . Napoleon Murphy Brock? Mais qui, ne manquerez vous pas de vous questionner, est ce Napoleon Murphy Brock? Ceci est pour vous, NMB est le mec de couleur que vous voyez là avec un saxophone, une flûte et une moustache. C'est le dernier lead-singer en date des Mothers et Frank l'a déniché dans un club à Hawaï à la tête d'un groupe de baloche, à la fin de son set il était embauché. Napoleon: "J'ai demandé: Who is Frank Zappa? On m'a répondu que c'était le leader des Mothers. J'ai répondu, "Ah, ok! c'est le gars qui est pris en photo assis sur des toilettes."

Frank a donc déclaré qu'il désirait que Napoleon se joigne à sa formation et le suive pour une tournée européenne la semaine suivante. Napy déclinera la proposition afin d'honorer le contrat le liant avec le night-club d'Hawaï pour sept semaines supplémentaires en demandant à Frank de le rappeler quand il serait de retour. Il finira par rejoindre les Mothers, jouant du sax et signant les choeurs sur "Apostrophe" s'imposant comme le niveau lead-singer du groupe en tournée. Voilà qui est Napoleon, il sera bientôt de retour dans le show, mesdames et messieurs.


##Zappa & Napy ce soir-là / photo de ©Christian Rose

Derrière les tambours il y a Chester Thompson, à propos duquel un peu plus d'informations est nécessaire. Ce qu'il est bon de savoir à ce sujet: dans une précédente incarnation des Mothers il y avait deux batteurs: Le premier, Ralph Humphrey, est vite devenu superflu.

Le suivant de cette présentation est le bassiste Tom Fowler. Avec ses cheveux mi-longs, sa moustache flexible et ses fringes sans intérêt, il est un peu short au niveau effets spéciaux mais il repousse le bas de gamme aussi loin que vous le désirez. Le savant sur la liste est George Duke, qui a été Mother puis ne l'a plus été maintes fois durant ces trois ou quatre dernières années et qui a eu une paire de ses albums solo de classés dans les jazz-charts. Il joue actuellement du synthétiseur aussi bien que du clavinet et du piano électrique, au titre de ses autres fonctions, il participe au chant et aux dialogues sur scène.

Ensuite il y a … well, il y a ce gars maigrichon avec sa drôle de moustache qui compose toutes ces sottises grâce auxquelles ils viennent juste de se retrouver propulsés au Top Ten des albums, avec 'Apostrophe'. C'est certainement la formation en tournée la plus réduite que Zappa n'ait jamais dirigée, six éléments à peine. La précédente formation embarquait un batteur supplémentaire et Don Preston, un guitariste rythmique et deux cuivres en plus. Cette mouture jouait à peu près le même répertoire , mais là cela sonne bien plus propre et moins fouillis.
Mais revenons à nos moutons, Frank vient juste d'obtenir le son qu'il voulait pour la batterie de Chester Thompson quand soudainement les Visigoths descendent en hurlant de la montagne. Mon dieu, ils ont… laissé les jeunes entrer… au beau milieu des balances ! Comme il fallait s'y attendre un d'entre-eux file direct devant la scène et, en se penchant au-dessus des barrières lance un 'Frenk! Frenk!' à la Mère Supérieure, assise sur sa caisse et tirant toujours nonchalamment sur une Winston, ébauchant quelques notes sur sa guitare et sans doute se demandant ce qu'une personne comme lui pourrait bien répondre à un légume.



'Frenk! Frenk!' crit le jeune ado sur toutes les tonalités: "Ees Aynsley playeeng?"
[ndt= Ansley Dunbar, le batteur précédent des MOI] Frank répond par un traditionnel hochement de tête et s'éloigne, l'air inconsolable et découragé face à ce qui semble être le gros business de la soirée et qui consiste à se défoncer. Honnêtement les gars, je n'arrive pas me souvenir d'avoir vu (ou respiré) autant de cannabis lors d'un concert indoor tout au long de ma "chickenscratchin'acetastin'motivatin' existence. L'atmosphère est complètement saturée par l'odeur fétide de la fumée. Partout dans la salle, le son délicat et apaisant de Zappa lutte pour se faire entendre de ses ingénieurs, couvert qu'il est par le bruissement du papier à cigarettes! Même après que les musiciens aient quitté l'estrade et les balances, l'auditorium est périodiquement zèbré par les éclairs des briquets réchauffant un bout de hashish. Derrière moi un jeune diablotin est en train de renifler une substance interdite - à moins qu'il n'ait contracté un méchant microbe et dans ce cas il aurait été bien mieux au lit à la maison à prendre de l'aspirine.


##Zappa sur scène ce soir-là / photo de ©Christian Rose

Une petite bonne femme trottine dans les allées avec un panier scandant: 'Chocolats! Chocolats!' A mi-chemin du premier rang elle croise ce gars au look décharné avec un côté "John Wesley Harding" periode Dylan qui s'égosille: 'Hashish! Hashish!' Le nombre d'arrêts à 100 francs qu'il fait montre qu'il y a de l'argent à se faire dans ce domaine d'activités quand on est un jeune homme entreprenant. Ce qui fait que tout cela semble monstrueusement incongru, (En dehors du dégoût largement connu de Zappa pour toutes les drogues sauf les Winston, le café et les saxophones) c'est le cordon de police à l'extérieur. Dehors c'est l'autorité policière qui rêgne. A l'intérieur les jeunes sautent partout agitant joyeusement leurs chillums.
Sont futées ces grenouilles !!! [ndt: "Dashed clever, these Frogs." le surnom que nous donnent les ricains puisque nous cuisinons les cuisses des batraciens]

FIN


6SKO:"Merely A Blues In A", un titre improvisé et joué ce soir-là 'Porte de Versailles' par les Mothers apparait en 1996 sur la compilation éditée par Zappa Records [extrait]:
# "Frank Zappa Plays The Music of Frank Zappa: A Memorial Tribute"


FZ: Alright, look here folks: We're gonna play another song for ya, but, uh . . .
Napy: Well . . .
(FZ: Sharp! A blues in G.)
(Napoleon: Blues in G?)
(FZ: No, in A. Hah?)
FZ: Merely a blues in A, folks.
Oh, Yeah-uh. Talk about it.
Baby, it's cold outside.
It's up to your knees outside.
Baby, you're gonna freeze outside.
(Cold, yeahuh, can y'all feel it?)
Take your clothes off and you'll freeze your balls off outside.
Oh, lord, oh. Oh, lord, lord, lord, lord, Wow!



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