27 octobre 2009

Les 40 bougies d'Amougies

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Vers la seconde partie (Zappa à 4:46)

Du 24 au 28 octobre 1969, il y a tout juste quarante ans, le festival d'Amougies initialement prévu au Parc de Saint Cloud avait lieu en Belgique grâce, ou plutôt à cause de l'interdiction de notre ministre de l'intérieur de l'époque, Raymond Marcellin de sinistre mémoire. Zappa débarque en compagnie de Beefheart et accompagnera plusieurs des groupes présents tels que Pink Floyd, Frank Zappa, Ten Years After, The Nice, Yes, The Pretty Things, Triangle, l’Art Ensemble of Chicago, Anthony Braxton, Archie Shepp, Sunny Murray, Steve Lacy etc...
Ecoutons ce que Zappa en a gardé comme souvenirs (extrait de "The Mother Of All Interviews" publiée dans Guitar Player US de 1992) - traduction ©2009/Studio'H pour ZinF

Matt Groening: Vous avez été le road manager de Capt. Beefheart pendant un moment ?
Frank Zappa: Oui.

MG: Et vous êtes allés en europe ?
FZ: J'ai été sollicité pour être le maître de cérémonie lors de ce premier grand festival français. A l'époque le gouvernement français était franchement de droite et il ne voyait pas d'un très bon œil se produire tout un panel de rockers dans leur pays. A la dernière minute le festival a déménagé de France pour la Belgique juste de l'autre côté de la frontière dans un champ de navets . Ils ont dressé un chapiteau qui était retenus par d'énormes filins. Il y avait quelque chose comme 15 000 personnes sous une tente circulaire.
C'était en novembre, je crois, et le temps n'était pas terrible. Il faisait froid et c'était trempé et c'était au beau milieu d'un champ labouré. I mean mondo turnips. Tous les participants ainsi que tous ceux qui voulaient voir les groupes arpentaient ce champ labouré afin de trouver l'endroit exact où avait lieu le festival. On m'a prié d'être le M.C. et de faire la présentation de Captain Beefheart. C'était sa première apparition là-bas. Ce fut un cauchemar car personne ne parlait l'anglais et je ne parlais pas français... et n'importe quoi d'autre de toute façon. Ma fonction s'en est trouvée fort limitée. Je me suis senti un peu comme Linda Mc Cartney: rester debout et faire la vague, faire la vague, faire la vague.

J'ai beuffé avec quelques groupes durant les trois jours du festival. Mais c'était misérable car tous ces hippies européens avaient apporté leur sac de couchage et les avaient dépliés sur le sol du chapiteau et ils ont passé leur temps à se les geler et à dormir tout le temps de l'évènement qui se déroulait en continu. Un des moments forts de l'événement fut la prestation de l'Art Ensemble de Chicago qui investit la scène à 5 heures du mat devant un parterre d' euro-hippies en train de pioncer.

DM: Au millieu des navets...
FZ: Pour les alerter de l'éminence de la prestation, un des gars a allumé une torche et l'a lancée en plein milieu de l'auditoire, ce qui en fit se mettre plus d'un debout et danser en rond sauvagement afin d'essayer d'éteindre les flammes.

MG: Parlez-loi des hot dogs.
FZ: Oh oui. Comme cela avait lieu dans un champ de navets et assez loin de tout ce qui aurait pu servir de support à la civilisation, le menu était extrêmement limité. Les personnes qui organisaient le festival, réunissant tous les talents, avaient accès aux réserves de nourriture: des gaufres belges sous plastique - ces affreuses petites gaufres sous plastique, vous pouviez avoir ça - ou vous pouviez avoir un hot dog. Maintenant les hot dogs étaient conservés dans un bac. Quand j'étais gamin, on avait ces grands tanks pour les boissons Nehi, vous vous souvenez ?, un grand bac rempli d'eau et qui pouvait renfermer des bouteilles de boisson. Et bien en ce qui nous concerne, il y avait un grand bac rempli de quéquettes belges. Maintenant, il y en avait plusieurs qui flottaient à la surface, maintenent celles que l'on arrivait à décoller étaient vertes mais on ne savait pas de quelle couleur était celles qui stagnaient sous l'eau. Quoi qu'il en soit c'était un bac de quéquettes vertes qui pointaient et vous aviez le choix entre manger cela ou des gauffres belges. Pas moyen de commander une pizza. On était au milieu de nulle part.

MG: Avez-vous déjà joué avec le Magic Band de Beefheart ?
FZ: Oui

DM: En quelle année ?
FZ: '69 ou '70

MG: Comment l'avez-vous rencontré ?
FZ: j'ai été au bahut avec lui.

MG: Etiez-vous dans la même classe ?
FZ: Non, pas exactement, A l'époque où je l'ai connu, son père venait d'avoir une crise cardiaque. Son père conduisait un camion/boulangerie et Don a dû sécher l'école pour pouvoir remplacer son père lors de la tournée entre Lancaster et Mojave. J'avais l'habitude d'aller chez lui et nous disposions de tous les beignets à l'ananas périmés dont nous n'avions jamais rêvé. Nous écoutions des disques de rythm & blues tout en mangant ce qui restait de la tournée du camion.



FZ est visible aux alentours de 4:30:

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